Nous en avons environ 70 réflexes et celui qui nous intéresse, se nomme le réflexe « spinal de Perez ». Nous allons être le plus bref possible sans brûler les étapes, car l’enjeu est de TAILLE. Ce réflexe de Perez, autrement dit « moment du passage dans le canal de naissance », nous sert à prendre la bonne position pour venir au monde. C'est un réflexe qui connecte dès la naissance le haut du crâne ou sacrum. Lors d'une césarienne ou d'une péridurale et/ou si l’accouchement demeure long et compliqué, ce réflexe de Perez peut être inhibé et ne jamais s'intégrer.
Le réflexe spinal de Perez a une place centrale dans notre vie. Il nous permet en effet dès la naissance, de verticaliser notre posture, de s’ouvrir au monde et de commencer notre connexion avec le cerveau supérieur : concentration, compréhension, mémorisation. C'est donc un réflexe primordial pour les apprentissages ainsi que pour le développement d'une pensée organisée. Il permet également l’accès à notre créativité et il joue un rôle important dans le développement de nos perceptions visuelles.
En revanche, si ce réflexe n'est pas intégré, la condition devient énergivore : fatigue intellectuelle, compréhension difficile, troubles de la mémoire, agitation, procrastination.
En quelques mots, pendant les 9 mois de grossesse, le bébé à naître va être fixé autour de son nombril. C'est celui-ci qui le nourrit et le connecte à sa maman. Essayez de vous imaginer le futur enfant recroquevillé qui, au moment de l’accouchement, a la vue unique sur son propre nombril. Il va passer le canal de naissance, puis une fois passé il se déploiera, s'étendra, en quelques mots, s'agrandira et à ce moment-là, s'ouvrira au monde et à la gravité, en distinguant tout ce qu'il y a autour de lui.
Malheureusement, ce réflexe est de moins en moins intégré et beaucoup de personnes ne s’en rendent pas compte ou n'arrivent tout simplement pas à apercevoir ce qu'il y a autour d’eux. Ils restent focalisés sur eux-mêmes quasiment toute leur vie, éventuellement jusqu’à une prise de conscience.
Ils passeront leur vie à ne regarder que leur nombril, d’où l’expression commune « arrête de ne regarder que ton nombril ». Ce qui en découle est que beaucoup de personnes n'arrivent pas à voir autre chose que leurs propres centres d'intérêt et c’est à ce moment-là que l‘ego se manifeste fortement.
Pour citer des exemples, de tels types de phrases surgissent :
Je fais ceci
Je fais cela
J'ai été ici
J'ai écrit un livre
J'ai suivi une formation
Je participe à un stage
J'ai acheté une maison
Je chante
Je danse
etc…
Lorsque nous, les participants, écrivons à nouveau le livre de notre vie, sous quelque manière que ce soit, ce centre d'intérêt tourne uniquement autour de nous-mêmes, autour du « je ». Bien que cela soit compréhensible, à mon avis ce n'est pas une bonne option pour vivre une vie en communauté, dans la juste attitude.
Il est nécessaire de prendre conscience de ce « je », cette première personne du singulier, pour voir de quelle manière il influence notre posture face au monde et dans la relation à l’autre. Le « je » de l’enfant ne permet pas d’aller vers le « nous ». C’est entre autres avec l’intégration du réflexe de Perez que l’enfant devient sociable, s’intéresse à autrui, développe les liens d’amitié et de bienveillance, pour finalement sortir de l’ego et devenir adulte.
C’est parce qu’il propose de rester tourné presque exclusivement sur soi, que la rédaction de ce livre ne convient pas aux adultes que nous devrions être. Cela ne veut pas dire que nous devons effacer le « je » de notre vocabulaire. Permettez-moi d’illustrer ce que je veux dire avec un autre réflexe archaïque – le palmomentonier de Babkin : le bébé, quand il voit un objet qui l’intéresse, tend la main, prend l’objet, serre les doigts, plie le coude et porte l’objet à sa bouche. C’est ce que nous observons. Mais il serait plus juste de dire : quand les yeux de bébé voient un objet intéressant, sa main se tend vers lui, ses doigts se serrent autour de l’objet, son coude se plie, sa bouche s’ouvre et sa main met l’objet dans sa bouche. Si ce n’est pas bon, le bébé crache. Ce mécanisme est nécessaire et parfaitement juste chez le bébé, car il lui permet de découvrir le monde.
Si l’adulte gardait ce réflexe, cela se traduirait dans sa vie par : « je vois quelque chose (l’argent/les vacances/le partenaire…), je le veux, je le prends et je le consomme. Et si cela ne me plaît pas, je le jette ». Ce comportement serait qualifié d’égoïste. C’est la raison pour laquelle le bébé dispose des années de son enfance pour apprendre à maîtriser ce geste, se l’approprier, décider si c’est juste de prendre quelque chose, quoi en faire, comment s’en servir, avec qui le partager, comment y renoncer, toujours en considérant ce quelque chose avec respect.
L’adulte qui a appris a « conscientiser » son Babkin (le réflexe dont on vient de parler), est aussi capable de « conscientiser » ses rapports aux autres : il a appris à ne pas seulement prendre, mais aussi offrir.
Et c’est là l’essence du « je » adulte : on passe du « je prends » du bébé orienté sur son nombril à l’adulte orienté sur sa posture face au monde : « je sais prendre selon mes besoins, offrir selon mes moyens et assumer, humblement, mes manquements, pour m’en servir pour m’améliorer ».
En bref : l’adulte avec le Perez intégré peut passer du « j’écris un grimoire sur moi - et j’attends vos applaudissements » à « je suis prêt à utiliser le temps de ma vie pour vous apporter ce dont vous pourriez avoir besoin pour grandir ».
Matthias Maître.