La vulnérabilité est la clé de voûte de tout apprentissage, de toute croissance. Elle convoque en nous le courage pour déposer les armes de notre égo et abandonner la narration de notre vie telle que nous la brandissons parfois depuis toujours.
La vulnérabilité est le mouvement magique de la vie qui oeuvre activement à sa croissance. C’est dans cet espace-temps que le champ des possibles est ouvert, que les croyances acquises au fil de notre éducation, des expériences et des rencontres sont profondément remises en question et que la vie nous offre de nous enrichir le coeur, le corps, les pensées.
Si dans nos sociétés occidentales la vulnérabilité est associée à la faiblesse, je crois que c’est du côté des personnes qui la contemplent qu’il faut regarder : Accueillent-elles ce mouvement avec délicatesse et la conscience que ce qui se déroule en dedans de la personne est un moment clé de sa vie ?
Prennent-elles soin de cela ?
Ont-elles la capacité de cœur et les compétences plus « techniques » pour voir et/ou accompagner les conflits intérieurs qui peuvent être générés par ce mouvement de croissance ?
Sont-elles capables de résister à la tentation de prendre le pouvoir et d’asseoir leur ascendant sur cet autre vulnérable, parfois de manière inconsciente ?
Profitent-elles de sa vulnérabilité pour humilier ? Pour se faire valoir ? Pour nourrir le puits sans fonds de leurs blessures abyssales ?
Sont-elles capables de rester présentes à elle-même pour soutenir ce processus de croissance ? Le font-elles avec la joie authentique de la bienveillance ? Sentent-elles comme la vulnérabilité de l’autre est inspirante pour accéder à la leur ?
Je crois que chacun.e de nous devrait se poser ces questions, avec la lucidité bienveillante nécessaire pour grandir soi-même. Et lorsque nous transmettons en tant qu’enseignant, formateur, moniteur, coach, thérapeute etc… il est indispensable d’avoir le courage de se poser ces questions et d’y répondre sincèrement, en gardant au coeur et au corps que chacun de nous est en perpétuelle croissance. Car ils nous appartient d’être vigilants à nos propres mouvements intérieurs lorsque nous faisons le choix d’accompagner les autres, ce que nous faisons tous à un moment donné, que nous soyons parent, collègue, ami ou manager.
Je crois que c’est à tout cela que nous renvoie le Cheval lorsque nous prenons le temps de l’observer et de l’écouter : comment soutiens-tu la croissance de ta propre espèce et par la même de toutes les autres, du Vivant dans son ensemble ?
Source : Elodie Hammiche - Le Cheval Enseignant